Le cinéma, et plus généralement les différents champs artistiques, sont des moulinettes dans lesquelles passe et repasse le réel, se présentant sous de multiples déclinaisons, des plus réalistes (ou signifiées comme telles) aux plus extravagante. Des dynamiques façonnent la construction d’un film et traversent autant les multiples responsables de la fabrication, que le produit fini (producteur, scénariste, metteur en scène, acteurs, actrices, techniciens…). Un film fantastique, ayant vocation à propulser le spectateur dans des mondes imaginaires, peut nous parler du réel de façon éclairante, des romances à l’eau de rose posséder des portées philosophiquement certaines, ou encore des films revendiqués comme engagés peuvent ne pas être au clair quant à l’engagement en question et/ou escamoter que tout scénario est, de fait, engagé. Autant d’éléments qu’une critique doit tenter d’explorer : lire un film, c’est poser un regard, fondamentalement non neutre, adopter un angle objectif bien que partiel et partial, analyser l’œuvre pour en identifier les logiques.
Possiblement à l’insu des intervenants, le cinéma parle du monde, fait parler le monde, ne se cantonnant ainsi pas à d’initiales visées artistiques. Dans des éléments techniques propres à la grammaire cinématographique, logent effectivement des enjeux idéologiques, forcément arrimés, noués aux inconscients des protagonistes œuvrant à la création d’un film. La façon de poser une caméra pour filmer le réel est un geste politiquement déterminé.
C’est à cet exercice d’analyse que nous nous adonnons dans les fiches cinéma publiées dans LePasDeCôté, en tentant de repérer quand et comment le cinéma parle de nous, ou plus exactement, nous parle et nous fait parler. Le cinéma traite de certaines réalités, sans pour autant épuiser le réel.
Sébastien Bertho – mars 2022
