Pierre Henry est directeur général de France Terre d’Asile – Manuel Domergue est directeur des études de la Fondation Abbé Pierre – Marie Gaffet est chargée de projet au Ministère du logement et de l’habitat durable

1 – En quoi la problématique de ces Journées d’Etude et de Formation vous semble-t-elle représenter un enjeu contemporain ?

2- Quelles thèses, arguments ou questions comptez-vous développer lors de votre intervention ?

 L’hébergement comme secteur professionnel s’est constitué dans les années 1950.Il s’agissait en pleine période des Trente glorieuses, de permettre à des catégories de population en difficulté temporaire d’être hébergées et accompagnées durant un temps limité (1an ou 18 mois) avant de retrouver un emploi et un logement. Ce secteur concernait principalement les personnes sortantes de prisons, de prostitution, les femmes victimes violences.

Ce secteur s’est développé et étendu à d’autres catégories de ménages ou de personnes en difficultés .Les difficultés à entrer dans un logement notamment en zones très tendues ajoutées à l’augmentation du chômage ont rendu problématiques les sorties des centres d’hébergement .

Le mouvement de revendication des Enfants de Don Quichotte en décembre 2006 a porté à la lumière ce phénomène. La loi DALO votée en mars 2007 a pour vocation de reconnaître le droit au logement et de le mettre en œuvre en garantissant une priorité de ces ménages en précarité. Dans les zones de grandes tensions sur le logement l’effet est resté trop limité.

Une conférence de consensus européenne sur le phénomène du sans abrisme de décembre 2010 a conclu que seules des politiques de logement d’abord (Housing First) pouvaient stabiliser durablement les ménages et poser une base solide et rassurante à leur insertion quel qu’elle soit.

Le principe de l’accès ou du maintien dans le logement sans condition préalable est une inversion de logique dans l’accompagnement des personnes.

En effet, de conséquence et aboutissement d’un parcours qui supposerait une progression dans les gages que donnerait la personne à son accompagnateur, il devient un préalable à toute insertion.

Ceci entraîne bien entendu des conséquences importantes dans la conduite du travail social avec les personnes. La structure de la relation de pouvoir dans la relation d’aide s’en trouve en partie modifiée.

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