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Déferlement de courroux et de broncas suite aux résultats de l’équipe de France au Mondial 2010. Pays passablement consterné ; président de la République qui toutes affaires cessantes reçoit un des footballers à peine descendu de l’avion; ministres qui prennent publiquement part et parti dans l’affaire; députés qui auditionnent des personnages-clé du milieu, ceux-ci réclament le huis clos mais n’ont pratiquement rien à dire… Etc. Etc. Voilà un événement, sinon un symptôme, acte qui marque un avant et un après et qui, par football interposé, met en question «l’image de la France, sur le plan national et international», ponctuait avec raison un dirigeant politique. La défaite donc, – la dite équipe ayant été prestement expulsée de la compétition. Sur le terrain, des footballeurs jouaient ensemble quoique peu solidaires les uns des autres, dans un assortiment passablement désemparé d’individualités évoluant côte à côte, presque dans des matchs parallèles, sans guère de convictions partagées, comme s’ils ne savaient plus ce qu’ils faisaient là. Equipe anomique, dirait un sociologue, quoique grassement, très grassement rétribuée.
La défaite arriva alors pour nommer ce dont il était question dans cette équipe, pour faire savoir ce qui les organisait, ce que les uns et les autres pouvaient faire ensemble et avec leur entraineur. Mais ce n’est pas seulement le Mondial que cette équipe a raté. Elle a en outre déçu les espoirs déposés en elle, la promesse d’avenirs radieux qu’elle était censée représenter, l’illusion d’après laquelle les efforts à consentir aujourd’hui permettront sans doute d’aller mieux demain, la certitude que le succès implique que certains soient payés cher, beaucoup, tout le temps, et d’autres peu, très-très peu… Las, la défaite montra qu’il n’en est rien. Une image – nationale et internationale, en effet – a été sérieusement fissurée, fracturée, émiettée. Supporteurs, politiques, journalistes, investisseurs, ont buté sur ce fait que l’équipe de France, une certaine équipe d’une certaine France, représentait certaines de leurs certitudes et de leurs illusions, et que celles-ci survivaient à peine à la consistance du réel («défaite» en football ; «crise» en politique).Comme chaque fois qu’un réel fait inopinément irruption, le courroux des croyants fut immense, franchement dépités face à cette équipe qui a lamentablement raté ce qu’en même temps elle a merveilleusement réussi.

Saül Karsz – Août 2010

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