Réponse affirmative ! On peut parfaitement se passer des idéologies : cela se dit et s’écrit un peu partout, dans le sens commun autant que dans les discours politiques, ainsi que chez la plupart des philosophes, sociologues, historiens, psychologues…
Mille exemples attestent de la caducité d’une catégorie jadis célèbre et célébrée.
Soit la « crise des valeurs », la perte de repères et la déstabilisation des modèles, pas que chez les jeunes d’ailleurs. Or, aujourd’hui, des valeurs et des repères forts existent bel et bien, dans lesquels des personnes et des groupes se reconnaissent et que d’autres abhorrent, des référentiels font énormément du bien à certains et très-très mal à d’autres. Question : comment expliquer les différences, voire les oppositions entre des valeurs, des modèles, des modes de vie, – sans le recours à la catégorie d’idéologie ?
Recours délicat, en fait, tant il est rare que ce terme soit explicité, arraché au stade d’une évidence supposée aller de soi. On en parle beaucoup, on en explique trop peu.
Mais il n’est rare de dénoncer les excès – odieux, malsains, pervers – que les idéologies provoquent chez autrui, exclusivement chez autrui. Soi-même, en revanche, on serait libéré de pareils dérèglements…
Saül Karsz – Janvier 2011