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« On se bat pour la paix » dit-on : la paix du vainqueur ? La paix du cimetière ? La paix construite sur une situation d’oppression… qui exige avant tout un bouleversement de cette situation ? Est-ce qu’on se bat pour la liberté de la presse ? Un tel combat est-il possible ? Certes, c’est la conjoncture historique qui donne sens et à la liberté et à la presse, lesquelles ne signifient pas la même chose partout et de tous temps – mais quel est précisément ce sens ?

Etre d’accord pour défendre la liberté de la presse c’est bien, savoir sur quoi et pourquoi c’est encore mieux. Si nous y voyons un absolu (LA liberté de LA presse), nous dérapons dans la dimension de la foi et cessons alors de penser. Et si c’est ainsi que nous marchons pour la liberté de la presse, en réalité nous ne sommes pas dans la course mais bien dans le cortège. Pour défendre la presse libre, on a intérêt à la questionner afin de la consolider, à l’habiter pour en soutenir la portée. Il convient de la situer dans le temps et dans l’espace, déterminer sa spécificité sociale, politique, idéologique. Parce que consensus et malentendus font trop bon ménage, les formules indéterminées sont trop facilement remplies par des contenus douteux, sinon exécrables.

On continue à croire en Dieu quand on imagine qu´on tue, on discrimine ou on aime pour des questions de foi. Il est finalement plus probable que les religions soient «l’opium du peuple» (K. Marx) que «la cause des conflits armés (Adam Smith)». Car on tue pour des intérêts économiques, pour soutenir une hiérarchie, pour préserver ou pour atteindre le pouvoir, on tue en raison de pulsions inconscientes (S. Freud) – mais on ne tue pas « pour Dieu » (même justifié par des discours fondamentalistes). Mutilations génitales, lapidations, persécution des homosexuels, absence de droits pour les femmes… ne sont pas des produits d´une religion particulière mais un précipité historique des forces socio-historiques nouées dans des figures et des rapports sociaux.

La révolte contre toute forme de censure ou autocensure représente sans doute un postulat de départ. Epaulée par l’humour subtil et intelligent, elle est saine, nécessaire, essentielle ! Nous devrions l’exercer vis—à-vis du christianisme, religion dans laquelle beaucoup d’entre nous avons été bercés [bernés ?] et avec laquelle nous avons des comptes à régler. C’est pourquoi nous applaudissons l’humour que la communauté juive fait sur elle-même – humour qui s’éteint dès qu’il s’agit de l’occupation de la Palestine…

Nous n´avons pas cessé d’être croyants si nous continuons à nous confronter aux religions, en leur donnant tant d’importance qu’elles deviennent notre ennemi principal. Nous n´avons pas développé une posture laïque si nous continuons d’apprécier des versions manichéennes de l’histoire en nous épargnant la complexité et la singularité des conjonctures. Nous n´avons pas cessé d’être des prêtres pieux si nous continuons à lever des autels pour y sacrifier la possibilité, voire la nécessité de penser.

Nicolas Lobos – mars 2015

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