A-t-il eu affaire à la justice en personne, sévère, juste et inflexible, celle dont le regard impassible embrasse toute péripétie, au-delà des contingences et des intérêts particuliers, tout entière vouée à démêler le vrai du faux – ou plutôt a-t-il eu affaire à un ou plusieurs des représentants de l’appareil judiciaire, dûment formés, formatés, mandatés, lesquels ne sont pas la justice, moins encore la Justice, mais rien de plus et rien de moins que ses porte-parole attitrés ? Ceux-ci font comme ils le peuvent car ils sont, comme le jeune qu’ils jugent, des sujets – de l’idéologie, de certaines idéologies, et de l’inconscient, de certaines formations de l’inconscient. Ceci ne les place pas sur un pied d’égalité – l’un représente le mythe efficient appelé « justice » et l’autre ce réel massif, conjoncturel et précaire qu’est la condition sociale, la famille, le quartier. Ils sont assis, chacun, de part et d’autre du mythe. Ou, si on préfère, du miroir. Comme quoi, « avoir affaire à la justice » n’est vraiment chose évidente pour personne.
Saül Karsz – Janvier 2014
