Brigitte Riera a vingt ans quand sort le film Ce gamin, là de Fernand Deligny en 1976. Ce travail oriente sa carrière d’institutrice vers l’éducation et la création d’un lieu de vie dix ans plus tard. La sortie des Œuvres complètes de Fernand Deligny en 2017 donne l’occasion de revenir sur la cohérence d’ensemble de la démarche delinienne qui semble intéresser à nouveau les éducateurs, psychosociologues et un public nombreux en recherche de réponses alternatives dans l’accueil d’enfants et adolescents.
Pratiques Sociales : en quoi la problématique de ces Journées d’Etude et de Formation vous semble-t-elle représenter un enjeu contemporain et quelles thèses, arguments ou messages comptez-vous développer lors de votre intervention ?
Brigitte RIERA : Deligny n’a pas choisi de protéger n’importe quelles enfances au long de son parcours : après l’accueil de jeunes adultes dans le réseau de la Grande cordée, il a vécu trente ans avec des enfants autistes qui ne parlaient pas. Un autre réseau s’est créé dans les Cévennes, qui sera l’occasion lors de ces Journées d’Etude et de Formation de prendre la mesure des risques pris par Deligny et ses partenaires de réseau. La dimension politique de sa tentative sera étudiée ainsi que les traces écrites et filmées de ses multiples recherches. Au-delà des cartes et des lignes d’erre, il s’agira d’étudier comment se construit la personnalité de l’enfant dans un moment historique donné, normé et normalisateur.
Rassemblés en une fédération, les lieux de vie et d’accueil se battent aujourd’hui encore pour continuer à exister sans être absorbés dans un statut d’établissement. Leur travail ouvre un espace possible d’accueil inventé pour des enfants et adolescents en difficulté.
Le texte augmenté de cette intervention sera disponible après les journées 2022 sur le site de PRATIQUES SOCIALES pour tous les participants.
Aperçus bibliographiques :
« La réception des Damnés de la terre, Un encryptage de l’histoire de la décolonisation », in La France et l’Algérie en 1962, Christiane Chaulet Achour (dir.), Karthala, 2014
« V comme Vagabond », Isabelle Eberhardt, in Abécédaire insolite des francophonies, Christiane Chaulet Achour et Brigitte Riéra (coord.), Presses Universitaires de Bordeaux, 2012, 589 p., 487-495.
« L’écriture de Frantz Fanon : de la parole dite à la parole inscrite », cinquantième anniversaire de la mort de F. Fanon, in Frantz Fanon, figure du dépassement, Regards croisés sur l’esclavage, Christiane Chaulet Achour (dir.), CRTF, Encrages, Université de Cergy-Pontoise, 2011, 147 p., pp 47-66.