Dans un reportage du Journal de France 2 du dimanche 12 juin sur la violence dans le football amateur, le commentateur nous dit que « le football amateur demande de plus en plus l’intervention de la justice pénale et s’avoue dépassé quand il fait face à de jeunes individus en manque d’autorité parentale et en échec scolaire ».
Pourquoi donc cette affirmation, qui ne sera ni expliquée ni argumentée dans le reportage ? La violence serait-elle forcément due à un manque d’autorité parentale ? Les parents seraient-ils les seuls responsables des comportements de leurs enfants ? Et tout d’abord, de quels jeunes parle-t-on ?
Trois remarques. Premièrement, le commentateur ne le dit pas, mais ce sont bien les jeunes des classes populaires qui sont visés ici. L’accent mis sur le manque d’autorité parentale et l’échec scolaire renvoie aux jeunes « de banlieues », comme si ceux-ci détenaient le monopole de la violence illégitime.
Deuxièmement, les parents sont les premiers éducateurs de leurs enfants dans le sens où ils en ont la responsabilité et transmettent un certain nombre de valeurs, de conceptions plus ou moins conscientisées de la vie en société, soit des indicateurs idéologiques. L’éducation passe par la famille, mais aussi par la télévision, par les pairs, par l’école et les enseignants, par les éducateurs sportifs, par tout un environnement que les parents ne maîtrisent certainement pas.
Troisièmement, la violence peut au contraire être la marque d’une éducation trop autoritaire. Les parents violents avec leurs enfants ne sont pas systématiquement considérés comme manquant d’autorité, la violence fait alors partie des valeurs transmises aux enfants, qui pourront s’en servir comme moyen de résolution des conflits.
Cette dialectique entre autorité et violence nous rappelle que les phénomènes tels que la violence (en société ou en famille), ne résultent pas d’une cause unique, et qu’ils sont toujours traversés par des idéologies qui se matérialisent à travers eux.
O. Delivré – Juillet 2011
merci pour cet article 🙂