Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif, est offusqué par le courrier que lui a récemment adressé Maurice Taylor, ancien candidat à la présidence des USA et président de Titan, entreprise américaine de pneus agricoles, qui renonce à racheter l’usine Goodyear d’Amiens-Nord. Celui-ci affirme que les ouvriers français sont trop chers et fainéants. Laurence Parisot (MEDEF) condamne ce courrier mais argue que Mister Taylor « met en avant des anomalies et des dysfonctionnements que nous devons corriger ».
Premièrement, Mr Taylor exagère-t-il quand il clame que les Français sont trop chers ? Certainement pas puisque preuve semble faite que faire travailler des Chinois ou des Indonésiens abaisse le coût du travail, ce qui est un objectif tenace des patrons de grandes entreprises.
Deuxièmement, Mme Parisot dit-elle vrai ? Sans doute car, comme ses pairs, elle soutient que grève le coût du travail ce que les ouvriers considèrent comme des avantages sociaux conquis de haute lutte.
Troisièmement, Arnaud Montebourg a-t-il raison de s’offusquer des propos du PDG de Titan ? Oui sur la forme du courrier, peu (ou trop ?) élaboré et particulièrement méprisant à l’encontre des ouvriers de Goodyear. Non sur le fond car les hommes politiques, surtout ceux qui se réclament de gauche, qui se succèdent au pouvoir connaissent les traitements infligés aux salariés et peinent à en proposer ou en imposer d’autres, à supposer qu’ils en aient le souhait.
Les discours proposés par les medias sont, comme tous les discours, adossés à des références privilégiant certaines orientations et prises de parti contre d’autres. L’oublier peut leur faire revêtir une couleur de vérité faisant passer pour intangibles ou indépassables des choix de politique économique et des modèles de société. Ils suscitent des tollés qui ne vont guère plus loin que l’effarouchement en sélectionnant des informations sans toujours en proposer des analyses fines. On en oublierait presque que ces choix de presse véhiculent le plus souvent un discours néolibéral aussi consistant que décomplexé, notamment quand un journaliste dit indépendant ( ?) déclame que « le PDG de Titan dit tout haut ce que les Français pensent tout bas ». « Une partie des Français seulement… », néglige-t-il de préciser.
Claudine Hourcadet – Mars 2013
