Findus, via une de ses filiales, a donc mis du cheval dans ses lasagnes de bœuf, c’est-à-dire dans les nôtres ! Durant 10 jours, les média ont traité le sujet sous deux angles : d’une part, l’enquête pour savoir comment cela est arrivé. D’autre part, des reportages sur la vente de proximité présentée comme une alternative à la grande distribution…
Reste que ce type de commerce est largement connoté. D’abord, pour pouvoir faire son marché à la ferme, il faut pouvoir se déplacer… généralement en voiture. Sans oublier que cette qualité a un prix qui n’est pas celui de la grande distribution. Celle-ci arrive à vendre des produits à bas prix …, – le seul prix abordable pour nombre de personnes, sans compter les populations contraintes de se ravitailler dans des centres d’aide qui s’approvisionnent dans la même grande distribution.
Bref, l’accès à l’alimentation et le choix des produits ne sont pas neutres mais résultent de multiples déterminations : culturelles, mais également économiques, idéologiques, psychiques… Dénoncer les méthodes de la grande distribution est une chose, interroger la participation consciente et inconsciente de tout un chacun aux dites méthodes en est une autre. Se limiter à vanter les mérites de la qualité quand celle-ci s’avère inaccessible pour certains et indispensable pour d’autres aboutit à imposer un discours moral quant aux bonnes habitudes alimentaires et aux risques de la malbouffe. Discours insuffisant pour développer un regard critique sur ce qu’on dénonce et aussi sur ce qu’on propose à la place, mais qui contribue très probablement à perpétuer cette situation.
Dans le même temps, les bénéfices des grands céréaliers ont doublé en quatre ans (Le Monde 12.12.2012)[1], conséquence probable de l’utilisation des céréales dans les plats préparés avec du bœuf, du cheval ou de l’âne…
Bertrand Martinelli – Mars 2013
[1] http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/12/12/la-disparite-de-revenus-s-accroit-entre-cerealiers-et-eleveurs-ovins-ou-bovins_1805055_3234.html