4 thématiques sont présentées :
SYMPTOMES
Symptômes de l’enfant, l’enfant comme symptôme
Le compte rendu de l’analyse de Freud à partir des rencontres avec le père du petit Hans (1905) nous enseigne comment l’enfant construit son symptôme à partir de son questionnement sur sa position de sujet sexué au regard du désir de l’Autre.
D’une mise en chantier de la prévention… à l’envers
Ce qui est demandé par la prévention reste étranger à ce que mettent en place les psychanalystes. Mais ceux-ci peuvent contribuer à acquérir un autre regard sur les pratiques de prévention.
Dans leur clinique, les psychanalystes sont confrontés à de nouveaux symptômes pour la psychanalyse, des mutations, des ségrégations en cours.
Les psychanalystes œuvrent à l’ouverture sur « l’Autre scène ». Ils sont moins sollicités dans le domaine de la petite enfance ; du fait de l’idéalisation de celle-ci ?
La psychanalyse interroge la prévention pour la hisser au statut de question, d’évidence à problématiser.
Exemples de F. Dolto avec la Maison verte et de Rosine Lefort avec des enfants autistes.
La prévention, un recommencement interrompu. Le psychanalyste vise à rendre possible la prise en compte des plaintes et des jouissances qui n’ont pas été cernées sous le statut du symptôme.
Contrer la toute-puissance adaptative, éducative et la charité moralisatrice, la psychologisation que l’institution peut induire.
L’enfant, entre loi(s) et désir(s)
3 vignettes cliniques. L’articulation avec les autres intervenants et institutions est indispensable dans la mise en place du dispositif de la cure en CMPP, sans prétention omni- compréhensive.
- 2 filles de 8 et 11 ans prises en charge par un collègue et Marga.
Situation où les rapports incestueux du père sur les filles ont pu être pris en compte par la juge après intervention de la psychanalyste auprès d’elles.
- Enfant de 5 ans
Victime de maltraitance de la part de ses parents, surtout le père. Un bébé fille. L’enfant placé dans une famille d’accueil va mieux, progresse à l’école mais revient des WE chez ses parents malade ou blessée. Le juge veut maintenir le lien avec le milieu familial. La psychanalyste insiste pour que la parole de l’enfant soit reconnue, que les sévices soient pris en compte.
- Adolescente
Mère suicidée qui avait la garde des enfants ; garde au père, la fille pas d’accord, interne au lycée.
Difficulté dans cette situation à mettre en lien les nombreux intervenants ; la famille maternelle a une image négative qu’il faudra réajuster ; le juge décide finalement d’inscrire la fille au collège en permanence avec un droit de visite de sa tante.
Marga émet la perspective de créer une instance d’échanges entre les différents partenaires et notamment entre le juge et le psychanalyste.
Clinique du symptôme, clinique du fantasme
Constitution de la névrose chez l’enfant, genèse et structure.
Névrose infantile et névrose chez l’enfant sont à différencier.
Psychanalyste d’enfants : le mouvement inspiré par Mélanie Klein défend que l’appareil psychique est constitué dès le départ ; et le courant d’Anna Freud prône un abord pédagogique seulement car le refoulement ne serait pas encore opéré. Qu’en est-il du symptôme, de la direction de la cure ? cela renouvelle la question de la légitimité pour les enfants d’une psychanalyse. Alors même que des psychanalyses d’enfants ont lieu dans de nombreuses institutions.
Les enfants ou adolescents sont amenés par leurs parents pour des troubles, des symptômes, sans qu’ils l’aient choisi eux-mêmes, tout comme ils ne choisissent pas d’arrêter la cure.
Selon Freud, le symptôme est la réalisation d’un fantasme inconscient servant à l’accomplissement du désir. Compromis entre la réalisation du désir sexuel interdit et ce qui s’y oppose. Et résultat d’un processus de refoulement.
Pour Lacan le symptôme est d’abord un message à déchiffrer, une métaphore ; puis dans une seconde version, unité de jouissance à cerner sur le versant du réel. Fonction de la lettre avec la dialectique des signifiants. Le symptôme vient suppléer l’être du sujet.
Le symptôme de l’enfant répond à ce qu’il y a de symptomatique dans la structure familiale.
Le symptôme vise-t-il déjà le fantasme ? Toute cure d’enfant ne doit-elle pas viser au décollage du fantasme de l’autre pour construire son propre fantasme ?
De la vérité : dialectique entre symptôme et fantasme
Question de l’émergence du sujet de l’inconscient. Le symptôme ne vise-t-il pas déjà le fantasme ?
Chemin du symptôme observé, du regard de l’autre à la vérité sur ce qui fait symptôme pour le sujet lui-même.
La vérité est ce qui, sous la forme de voilement-dévoilement, de présence-absence, pousse à de nouvelles formes, de nouvelles métaphores, afin que le sujet construise sa propre fiction.
INTERPRETATION
Les fruits d’Anna Inter-prétation du rêveur
Dans L’Interprétation des rêves est rapporté le rêve d’Anna, enfant cadette de Freud qui, à 19 mois, est mise à la diète une journée après avoir vomi, sans doute d’avoir trop mangé de fraises des bois.
Marga revient d’abord sur la traduction de chacun des mots du rêve repris par Freud dans une lettre à Fliess du 31 octobre 1897.
Un mot est un néologisme, l’autre un composite employé par l’enfant dans son sommeil. Dans les 5 mots employés par la fillette apparait un ordre symbolique en ce que les mets sont hautement désirés, en dehors de la faim à satisfaire. Leur dénominateur commun est d’avoir été interdits. Et Anna commence par se nommer elle-même, comme si elle était dans la liste des mets désirés.
Ce rêve est désigné comme un paradigme par Marga. C’est le semblant qui est désiré et la jouissance devient l’interdit. Il y a du désir s’accomplissant. L’analyse reprend Lacan puis revient à Freud. Les interprétations relèvent de l’imaginaire et ne peuvent être isolées du dispositif de la cure. Il ne s’agit pas, selon Marga, de décoder le rêve mais de saisir quelque chose de ce qu’il donne à entendre, à partir de sa structure.
Retour à Lacan. Le rêve est-il, de la part du rêveur, un chiffrage de son désir ? Le Niederschrift : texte princeps, nieder : primitif, élémentaire et schreiben : écrire. Le Niederschrift est le manuscrit ; la lecture de ce texte en palimpseste concernerait le rêve. Les fruits d’Anna lui étaient inter-dits. Freud s’étonne que le refoulement soit déjà présent chez une enfant de 19 mois qui s’interdit de manger les fraises. La dialectique d’interdiction-refoulement apparait avec le sujet lui-même. Le fantasme, en tant que support du désir, est déjà à l’œuvre. La dialectique du désir prend la forme d’un texte qui se chiffre.
Marga insiste sur l’importance d’entendre les mots dits par le petit enfant, habité par le langage.
Entrée en matière (Comment évaluer l’interprétation aujourd’hui ?)
Des divergences apparaissent à propos de la méconnaissance de la dimension proprement symbolique de l’interprétation.
L’inconscient est parfois assimilé à un mouvement naturel en dehors de toute historicité ou à un éternel retour.
On constate une absence de doctrine de l’inconscient et de son réel chez les postfreudiens.
Il y est question des pouvoirs de la parole, de son efficience et de son tranchant.
L’interprétation : une et multiple
Le désir est l’interprétation elle-même, il se dessine, se tisse, s’écrit à travers l’interprétation.
Le désir inconscient serait la somme des interprétations de l’analysant lui-même. L’inconscient est un lieu à construire entre parole et écriture.
Dans une dialectique de chiffrage-déchiffrage. Certaines interprétations visent à déchiffrer le désir, d’autres produisent un effet de compréhension, d’éclairage, d’autres enfin viseraient à inscrire ce qui du désir est impossible à dire.
Interdit, le désir semble satisfait par la mise en scène interprétative du rêve, voie royale pour chiffrer du savoir inconscient. Plusieurs phases : avant le rêve dont le récit est rendu possible par les interprétations de l’analyste, récit donné par l’analysant, associations tout au long de la cure, chiffrage de la jouissance dans un « aura été ».
L’interprétation comme un entre-deux : entre réel et symbolique, réel et imaginaire, symbolique et imaginaire. L’interprétation silencieuse, dont la présence de l’analyste est un effet, produit un décollement entre réel et imaginaire, chiffrant quelque chose de l’ordre de la castration.
L’interprétation est multiple, un essaim. L’analyste n’est pas maître de la vérité ni possesseur de l’art de l’interprétation ; il lui revient de savoir tenir une place marquée par la négativité, un lieu-entre.
DESIR DE LA MERE
Désir de l’hystérique et désir de la mère
Le désir de faire un avec l’autre, d’être complété par l’autre.
Sujet divisé, Nom-du-Père, castration, phallus, hystérie, mère-toute, etc. autant de notions spécifiques de la psychanalyse brassées ici. Fin de l’article : « Et enfin message aux hommes : si vous voulez attirer une femme, prenez donc le masque de sa mère ! »
Modalités du désir de la mère ou « Jamais deux sans trois »
De la métaphore paternelle.
Désir de la mère. Au départ, l’enfant dépend du désir de la mère. « Je suis ce que la mère désire et la mère, c’est mon désir. » Mais la mère désire ailleurs. Il s’ensuit que le désir de l’enfant devient désir du désir (de l’Autre) = processus dialectique de constitution du sujet par rapport au Désir de la Mère.
Le récit de la situation éclaire les notions avancées. Le lecteur suit l’auteur de l’article dans sa narration précise, étayée et convaincante du diagnostic posé.
Enseignement des malades à la présentation de Sainte Anne
Le malade considéré en tant que sujet qui apporte, même à son insu, un savoir.
Travail de cartel engagé pour soutenir les mises en question multiples d’une présentation de malades.
DISPOSITIFS D’ANALYSE
Qu’en est-il de la psychanalyse avec les enfants, aujourd’hui ? (2000)
Maintenir la position éthique du désir de l’analyste.
Comment pour l’enfant passer à la jouissance du signifiant, par la cure ? L’enfant reste un analysant potentiel.
Dans la rencontre avec le ou la psychanalyste, l’enfant tente de dégager la part de responsabilité qui lui revient dans le « désordre du monde » familial.
L’autisme, à nouveau en chantier
Autisme du côté de la schizophrénie en 1911 ou en 1943 l’autisme infantile précoce différencié de la schizophrénie : le débat qui dure encore est posé où les inconnues dépassent de loin les certitudes.
Lacan élargit la notion en définissant le dispositif de l’analyse comme « un autisme à deux » (Séminaire du 19 avril 1977)
Le développement de cliniques innovantes s’avère indispensable. Quelles façons de faire permettraient de travailler avec les parents d’enfants autistes ?
Transfert et réalité
L’inconscient a une réalité, inconsciente, qui est d’ordre sexuel.
Grâce au transfert, des modifications se produisent dans la réalité inconsciente qui ont des effets sur la réalité sociale et matérielle de la patiente.
De la dévoration au regard
Reprise d’autres articles
Sur la présence de l’analyste dans les rêves
La présence de l’analyste rapportée à la question de la résistance, du transfert et de la pulsion.
La présence de l’analyste dans les rêves permet que se dise quelque chose de l’étoffe même du désir. Lien, pont, médiation. Ce qui était absolument hors du rêveur, rejeté et rejetant, devra advenir, par le biais de la cure, comme son bien le plus précieux.
D’une entrée en analyse à la suite d’un rêve
Le rêve est l’accomplissement d’un désir qui reste, lui, non réalisé. La patiente abandonne sa position de maîtrise et peut entrer en analyse.
La passe en question
L’expérience représente à la fois un moment de passage obligé pour la conscience et le lieu même où celle-ci se perd. Le processus de la passe n’est jamais définitivement clos. Mais il est aussi un éclair qui apporte un tout autre éclairage sur les zones restées jusque-là dans l’ombre.
Le passeur est un dans un réseau : il met tout le monde au travail à partir de sa demande.
Ce n’est pas parce que le psychanalyste est présent qu’il est à l’écoute des formations de l’inconscient, c’est ce que travaille la passe et qui n’en finit pas. Loin du prestige de l’existence professionnelle.
Voilà, la mort de Marga met aussi tout le monde au travail à partir de sa demande.
Brigitte Riéra – décembre 2024