15 avril 2011 à LUCHON (31) : Nicolas SARKOZY visite un ERS [Etablissement de Réinsertion Scolaire] où sont accueillis des élèves en échec scolaire. Félicitant les enseignants pour leur action, il leur dit en substance que le temps d’expérimenter de nouvelles réponses est venu et qu’il n’y a pas de recette unique parce que les enfants sont différents. Il ajoute : « Ce n’est pas une question d’idéologie, c’est une question de bon sens !».
Constater que les enfants sont différents les uns des autres peut en effet permettre de diversifier les approches pédagogiques et les modalités de soutien scolaire. Encore faut-il penser que les élèves eux aussi, à l’instar des enfants, sont tous différents. Acceptions nullement évidentes au demeurant. Deux positionnements s’y font jour : l’un fait de la différence un facteur intrinsèque et interindividuel, l’autre fait également intervenir les conditions matérielles et sociales d’existence, partant les conditions différentielles d’accès à une certaine scolarité. Selon le positionnement pris, on mobilisera certains moyens matériels et humains plutôt que d’autres.
Proposer des réponses, quelles qu’elles soient, c’est se référer à des modèles, mettre en avant des idéaux, mobiliser certains repères et en délaisser d’autres, c’est, enfin, convoquer des représentations particulières de l’enfant, de l’école, de l’éducation…
C’est donc une question d’idéologies : à savoir de discours, de comportements, de modèles de vie significatifs dans la mesure où ils ne sont pas neutres.
Quant au « bon sens » rappelons avec DESCARTES qu’il est « la chose du monde la mieux partagée », dont chacun est pourvu et qu’il peut difficilement remettre en question. Sont « de bon sens » l’ensemble des références dont je suis porteur, consciemment ou non, les comportements que je cautionne, les modèles du vivre-ensemble que je privilégie.
Il y a donc à s’interroger, que l’on soit parent ou enseignant, sur les modèles que nous adoptons et sur ceux que les décideurs nous imposent. Il y a aussi à questionner ce qui nous semble « de bon sens » – traduit trop souvent par « évident » – alors qu’il s’agit là d’idéologies plurielles qui organisent pas du tout le bon sens mais bien des bons sens différents, au sein de sociétés différentes, de couches sociales différentes. C’est pourquoi « le bon sens » au singulier désigne le statut hégémonique d’un certain sens commun.
Bref, voilà une simple phrase qui s’avère être une pensée complexe !
Claudine Hourcadet – Juin 2011
Au plaisir de continuer à vous lire, et toutes mes amitiés à Saül KARSZ
Toujours intéressant de vous lire et de se sentir en complet accord.
Merci pour ces articles rafraichissants !
Amitiés à Saül K.
le travail social entre savoirs et idéologie,comment dégager une certaine forme de savoir dans les pratiques pofessionnelles de ce que constitue l’idéologie comme systéme de valeurs?est ce que les questions pratiques sont-elles susceptibles de vérité?