• Auteur/autrice de la publication :
  • Post category:Articles
  • Commentaires de la publication :0 commentaire
You are currently viewing Faire connaissance, c’est déjà travailler !

Loin d’être une prise de contact qui se réduirait à faire connaissance et à faire émerger les attentes des professionnels, la première rencontre entre une équipe pluridisciplinaire et un clinicien, qui précède la mise au travail officielle d’analyse des pratiques professionnelles, s’avère être de toute première importance. S’agissant en outre de développer une clinique transdisciplinaire, le clinicien se doit de commencer à pointer différentes dimensions de cette rencontre. C’est à partir de là, en effet, que pourra s’élaborer la mise au clair des registres théorique, idéologique et psychique à l’œuvre dans toute clinique.

Dans ces premiers moments se font jour la curiosité, une confiance mesurée ou une méfiance plus ou moins raisonnée, l’envie de parler et celle de ne pas trop en dire, les réticences à exposer des demandes ou la propension à développer ce qui tracasse ou ce qui ravit. Des connaissances, méconnaissances et expériences en matière d’analyse de situations professionnelles, des modèles, des références se laissent deviner au travers des regards et discours, des sous-entendus et des non-dits. Le souhait d’être écouté, entendu, compris par le clinicien côtoie le souci de celui-ci de repérer des représentations à propos des publics accueillis et des objectifs affichés de l’institution. Bref, des affects nécessairement psychiques et des représentations nécessairement sociales, les uns et les autres idéologiquement chargés, subjectivement investis, tant du côté de l’équipe que du consultant, déterminent, colorent, nuancent le climat de cette première entrevue et conditionnent partiellement la suite du travail.

Cette séance est également surdéterminée par ce qui a été fait et dit en amont (demande de l’équipe, réponse institutionnelle et commande passée au consultant), la place qui sera accordée au travail clinique (durée, rythme, engagement des participants), les disponibilités subjectives et objectives des uns et des autres, le cadre dans lequel va se dérouler le travail. Et aussi le type d’institution, les publics accueillis, les politiques sociales qui encadrent l’activité, les traditions locales, les appartenances sociales et les adhésions idéologiques qui y sont corrélées. S’y dessinent l’interdépendance entre les différents statuts et fonctions des participants et la façon dont chacun s’y investit.

Autant de données impossibles à cataloguer précisément, qui échappent ou qui se laissent partiellement décrypter, autant d’éléments bavards ou muets qui dessinent les modalités du travail à venir, de particularités à prendre en compte dans la dialectique des faits et des discours qui jalonneront les prochaines séances.

La première rencontre est l’étape inaugurale d’un processus clinique : elle donne à voir quelques matériaux qui serviront à déployer le concret des pratiques et à analyser quelques situations rencontrées. Rien de plus et rien de moins…

Claudine Hourcadet – janvier 2014

Image LPDC

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.