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La Conversation XII du 20 mai 2021 a permis d’entendre Hélène Bonnaud, psychanalyste, parler d’« Emprise et consentement » puis échanger avec les participants à distance.

La question du consentement, dit-elle, est prise dans le nœud de la relation entre un homme et une femme, un homme et un homme, une femme et une femme, notamment. Ce nœud peut nous interroger, surtout lorsqu’H. Bonnaud ajoute que le consentement n’est pas en jeu dans l’amour mais qu’il touche à la relation sexuelle. Un nœud serait donc la figure du consentement dans la relation sexuelle entre un homme et une femme. Car cette relation nécessite que les deux soient d’accord.

Le verbe consentir, cum-sentire en latin, signifie « être du même sentiment », « être d’accord » d’où le sens d’« accorder ». En droit, il est transitif au XVIIème siècle ; on consent quelque chose à quelqu’un. Si l’on consent, suivi d’un nom concret ou abstrait dans l’usage ancien et classique, l’usage moderne utilise surtout la voix passive en mettant en relief le destinataire. Le voici devenu cible de la demande de consentir afin que se noue un nœud impossible au sens où l’on dit d’un enfant qu’il est impossible, turbulent. Un nœud turbulent s’apprête à malmener les partenaires à la veille de la relation sexuelle.

Qu’en est-il donc de la demande dans la relation sexuelle ? Qui formule la demande et qui en est le ou la destinataire ? C’est d’importance dans l’installation de la relation qui suppose que les deux partenaires soient d’accord –le consentement scelle leur accord- même si les deux ou l’un des deux ne sait pas complètement sur quoi ils sont d’accord.

Le consentement, déjà là au XIIème siècle, désigne l’action d’acquiescer à quelque chose, dans le domaine moral, intellectuel et dans la cérémonie du mariage. Monsieur Untel, Madame, consentez-vous à prendre pour époux, épouse… « Acquiescer » sera transitif lui aussi en ancien français. Curieusement, la notion de repos se loge dans ad-quiescere où l’on reconnait « quiet » et « coi ». Si l’on peut se reposer sur quelqu’un, c’est que la confiance est là. Consentir, dans la relation sexuelle, serait-ce rechercher le repos et la paix par la jouissance ?

Un peu plus tard, H. Bonnaud affine son propos ; il s’agirait de « consentir à cause de quelque chose qui est plus fort que moi et qui m’empêche de dire non ». Il y aurait donc de la négation à consentir dans la relation sexuelle.  La grammaire peut nous venir en aide dans cette affaire. Soit la phrase : « Je crains qu’il ne vienne » qui peut être entendue de deux façons : « Je crains qu’il vienne » et « Je souhaite qu’il ne vienne pas ». Ce ne dit explétif, étymologiquement « qui emplit, qui comble », n’est pas nécessaire. Cependant, son emploi laisse planer une nuance de négation. « Je crains qu’il vienne » est limpide. « Je crains qu’il ne vienne » en dit un peu plus du côté du refus.

Que dit le consentement, pris dans le nœud de la relation homme/femme, de la négation qui flotte entre les partenaires sans que l’un ni l’autre n’ose dire non ? Il chuchote « ce-qu’on-sent-te-ment », murmure « je crains qu’il/elle ne vienne » et suggère Mignonne allons voir si la rose ou l’eros mène au repos de la jouissance sexuelle. H. Bonnaud dit qu’elle est « toujours solitaire et [que] l’amour y supplée, selon Lacan ».

Peut-être faudra-t-il ressortir les ne explétifs, redire que le désir sexuel a bien des zones opaques auxquelles touche le consentement, que ce n’est pas un hasard si la question du consentement se pose dans un monde normalisé qui donne son consentement à l’ordre, comme l’écrit Pierre Legendre. Mais pour en débattre, il faudra inviter Hélène Bonnaud à une autre Conversation.

Brigitte Riera – mai 2021

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