Difficile, très difficile question. En parler est une gageure, un défi. D’autant plus qu’il s’agit de parler d’une manière à peu près sereine d’une question qui ne l’est nullement. Or, il faut bien le tenter, fixer quelques repères, proposer quelques pistes. Journaux, TV et radio, à la maison et dans la rue, sans oublier les instances officielles avec leurs infos et leurs propagandes en parlent depuis le 7 octobre 2023. Pour cause ! La guerre a lieu en Palestine, là-bas donc, et aussi, sous d’autres modalités, ici.
Cette guerre, loin de débuter le 7 octobre, a connu à cette date un épisode terrible, d’une barbarie ineffaçable. Des centaines de morts, de femmes violées, d’enfants tués, d’hommes massacrés, des otages en masse, des destructions en tous genres, sont venus rappeler – et de la pire des manières – une politique d’occupation implacable avec, pour seul horizon visible, l’extinction lente de tout un peuple. Il en reste des morts pour rien et des survivants repus de haine. Date noire, très noire, que celle du 7 octobre. Elle s’inscrit dans une longue histoire ponctuée d’exclusions et de dépérissements réels et symboliques à répétition. Là-dessus, la riposte ne s’est pas fait attendre. La droite et surtout l’extrême-droite qui dirigent l’État d’Israël ont déclenché une vengeance qui entraine des milliers de morts, d’estropiés, d’orphelins, de disparus, de destructions massives. Une nouvelle conquête militaire est en cours qui va de pair avec une augmentation encore plus certaine des haines et des colères.
Là-bas, c’est la guerre. Ici, en France, et dans d’autres pays sûrement aussi, ce sont des déclarations sans nuances et des analyses sans rigueur, l’allégeance à l’une des deux parties et la diabolisation de l’autre. Les recrudescences antisémites sont ainsi promises à de beaux jours, les aversions antimusulmanes l’étant déjà largement. Remarquable manière locale de prolonger les hostilités, voire d’y contribuer ! Or, marteler fort et dru ses convictions n’a jamais suffi à fonder une argumentation !
Des orientations politiques précises commandent cette guerre qui semble opposer Juifs et Palestiniens. Qui semble seulement, car tous les Israéliens ne sont pas Juifs, les uns et les autres n’approuvant d’ailleurs pas, tous, cette confrontation meurtrière. Plus précisément : deux fondamentalismes s’affrontent, que tout sépare et, sur plus d’un point, tout réunit. Autant là-bas que chez nous, l’enjeu est, obligatoirement, nécessairement, de changer de politique et, chemin faisant, les (ir)responsables politiques.
Process sans doute sinueux, complexe, de très longue haleine. Tous les belligérants n’ont pas intérêt pas à s’y engager. Les États-Unis, notamment, ont par trois fois mis leur veto à l’exigence de trêve. Il n’en reste pas moins que les solutions, ou du moins les parades, ne sont pas légion. Mais elles existent bel et bien…
Saül Karsz – février 2024 – Texte reproduit dans le blog de l’auteur sur Médiapart