CIEP 18 – 19 – 20 novembre 2013
Face à – et aussi avec – un parterre de 85 participants officiant dans des structures sociales et médico-sociales, en majorité des directeurs et cadres intermédiaires, 10 intervenants (philosophes, sociologues, formateurs, consultants, chercheurs, psychiatres, psychanalystes) ont déployé leurs arguments et points de vue sur la thématique « Travail, management, performance : entre contraintes et inventions ».
La thématique, complexe et surdéterminée, prise dans une actualité, se prêtait à des joutes, passes d’armes et autres controverses qui ont mis le public en position d’écoute, d’analyse et d’interpellation.
Thématique complexe et surdéterminée, en effet. Non réductibles aux expériences que chacun vit, les catégories de travail, management et performance ont donné lieu à des déclinaisons singulières selon les places personnelle et professionnelle de chaque intervenant. Clé de voute de la trilogie, medium entre le travail et la performance, la catégorie de management a été l’objet de qualifications diverses : modalité d’intervention prenant en compte la dimension psychique du désir de travail [Roland Guinchard], forme d’institutionnalisation de la contrainte et du contrôle pesant sur les salariés [Danièle Linhart], piège techniciste qui conduit à sacraliser l’opérationnalisation des objectifs [Joël Letemplier], progrès non linéaire qui s’accompagne d’une croyance en un graal gestionnaire [Frédéric Pierru], modalité organisationnelle très dépendante de ses mises en œuvre dans les terrains professionnels [François Noble).
Le management, façon nécessairement orientée de diriger une institution et de faire collaborer les salariés à la tâche, est en fait une somme de modalités managériales plus ou moins éparses. Le glissement sémantique entre « diriger » et « manager », fréquemment utilisés comme des synonymes interchangeables, en fait en partie le succès.
Thématique contemporaine et vivante. Il s’est agi pendant ces Journées d’Etude de « parler à froid de questions chaudes » [Saül Karsz], tant pendant les débats et controverses entre des intervenants que lors des ateliers de réflexion réunissant des groupes de participants. Présents dans l’intervention sociale et médico-sociale, management et performance traversent nombre de travaux de recherche et les pratiques professionnelles. En témoignent des organismes comme l’ANAP [Marie-Dominique Lussier] et l’ANESM qui tentent d’outiller les intervenants sociaux afin qu’ils gèrent au mieux leurs activités, y compris quand le travail est invisible [Paul Bretécher].
Pour autant, convient-il d’accorder au management et à la recherche de performance un crédit illimité dans leur capacité à transformer les institutions, voire la société ? Peut-on faire l’économie de définir en amont le travail social et les interventions sociales [controverseMarcel Jaeger et Saul Karsz] ? Quelles marges de manœuvre pour les dirigeants et les agents ?
Dans une ambiance conviviale se prêtant à « des questionnements ambitieux et non résignés » [propos d’un participant], ces Journées ont ouvert des brèches qu’il reste à explorer. Pour déconstruire des catégories usuelles en travail social et bien au-delà, repérer des marges de manœuvre des praticiens et tenter d’inventer – souci majeur du Réseau Pratiques Sociales – des modalités d’intervention innovantes et efficientes.
Claudine Hourcadet – Novembre 2013