De vie, d’établissement, professionnel, d’accompagnement, personnalisé… : la culture du projet connait une inflation notoire depuis plusieurs décennies dans les secteurs social et médico-social.
L’accueil de l’usager est subordonné à la formalisation d’un projet dit personnalisé dans lequel il est tenu de signifier sa motivation à concrétiser ce pour quoi il est censé être accueilli (formation et apprentissage, insertion professionnelle, vie dite autonome à domicile, etc.). Les demandes des dits usagers se doivent d’être aussi claires que possible afin que les différents acteurs de l’accompagnement puissent en dégager des pistes d’action. Les choses en effet sont d’autant plus difficiles pour les équipes qu’elles n’arrivent pas à décoder les discours et stratégies qui leur sont adressés.
Le projet doit être en triple adéquation :
- avec les ressources et les limites réelles ou présumées de la personne accompagnée, sous peine de paraitre trop ou pas assez ambitieux,
- avec les outils et moyens dont dispose le service accompagnateur, au risque de questionner plus ou moins sévèrement ses missions,
- avec les possibilités socio-économiques, pour ne pas passer à côté d’une opportunité, tout en respectant les normes sociales en vigueur.
Le projet personnalisé d’accompagnement est toujours le produit d’un collectif, une manière de compromis entre deux tendances majeures selon qu’il est fait soit pour un individu supposé toujours bénéficiaire, soit avec le ou les sujets destinataires. Seule l’analyse des situations d’accompagnement au cas par cas permet d’en savoir quelque chose. Seule l’exploration de chaque projet singulier laisse entrevoir ses déterminants et ses enjeux.
Il ne s’agit pas d’invalider l’appellation de projet personnalisé d’accompagnement, moins encore ses pratiques, mais de mieux comprendre ce qui se passe quand l’usager n’assume pas le dit projet, ne s’y reconnait pas. A partir de là, les équipes et les professionnels qui ne sont pas entichés de conformité à tout crin peuvent commencer à travailler…
Claudine Hourcadet – juillet 2014