You are currently viewing Patrick ALECIAN – Quelle pédopsychiatrie aujourd’hui ?

Membre adhérent de la Société Psychanalytique de Paris, psychiatre, pédopsychiatre.

Pratiques Sociales : en quoi la problématique de ces Journées d’Etude et de Formation vous semble-t-elle représenter un enjeu contemporain et quelles thèses, arguments ou messages comptez-vous développer lors de votre intervention ?

Patrick ALECIAN : Les dynamiques avec les enfants ont changé et c’est à leur propos qu’il faut repenser la place de la pédopsychiatrie auprès de l’enfant, de sa famille, de son école, de ses cercles éducatifs, culturels, de loisirs. Accueillir un enfant c’est accueillir son monde, ses enveloppes.

On sait depuis Freud que l’enfant croît grâce une permanente interaction avec son environnement. Puis les grands courants récents, où l’enfant est abordé en tant qu’objet, comme les sciences de la communication, la systémie ou plus anciens comme celui des sciences cognitives ont permis de comprendre l’importance de l’environnement et des espaces d’échanges avec lui. Bien que les neuro sciences n’aient pas encore tout livré nous savons que les prochaines décennies vont beaucoup apporter. Mais le domaine de l’intersubjectivité restera central.

Or le domaine des soins, considéré cette fois-ci en tant qu’Institution, vit une mutation dont on voit ce qu’elle enlève mais pas ce qui prendra le relais. Si on élargit la focale on comprend alors que depuis 40 ans c’est « à côté » de l’Institution soignante que se mettent en place les nouveaux espaces de médiations pour des soins. Plus que du médico-social c’est le Travail social qui est le nouveau creuset. Un des beaux exemples historiques en est le SAMU social. Il rapproche les soignants des personnes sans logement pour qu’ils travaillent dans l’Espace social. Mais il reste une création de l’hôpital. La question plurielle de l’« à côté » a cependant des réponses.

Depuis la décentralisation et la reprise de l’ASE par les départements puis par la délégation aux espaces associatifs, de plus en plus de missions de Protection de l’enfance, intention politique louable, ont consisté à rapprocher les décisionnaires des publics concernés. Il est cependant apparu que les dynamiques de souffrances mentales (pathologiques et non pathologiques) au sein des familles arrivaient aussi en fréquence croissante et en degré de gravité plus haut jusqu’à la Protection plurielle, qu’elle soit ambulatoire, résidentielle ou contrainte (PJJ, Pénitentiaire).

Parallèlement, le Soin s’est vu dessaisi des capacités d’hébergements spécialisés. On peut le regretter. Nos voisins allemands ont par exemple fait le choix contraire. Mais il reste à faire l’essentiel : soigner l’enfant là où il vit, comme l’envisageait Roger Misès dans le Livre blanc de la Psychiatrie en 1965, pour le chapitre Pédopsychiatrie (alors Institution à naître). C’est donc l’à côté qui reste la clé. La pédopsychiatrie pense cela de deux manières au moins : la création de nouvelles modalités d’accueils dans les espaces de soins qui lient souvent pédiatrie et pédopsychiatrie et la présence de cliniciens dans les espaces du Travail social. Les psychologues sont là les principaux acteurs de cet à côté de l’enfant avec les travailleurs sociaux. Mais l’expérience montre que ça ne suffit pas.

Cet environnement, de par la responsabilité des ainés, peut générer différentes réponses non seulement par des interactions avec l’enfant mais aussi en lui « prenant le chou ».

Prenons un exemple : une difficulté est à mon sens très infiltrée dans les dynamiques de développement de l’enfant aujourd’hui : ses temporalités ne sont plus abordées spécifiquement comme les siennes mais sujettes à des variations, je dirais violentes, car les media l’atteignent dès les premiers mois de la vie. Cet enfant qu’on dirait augmenté, en fait je dirais pour ma part encombré par les media, a pour caractéristique d’être la cible d’images et de sons. Comme toute cible l’enfant est impacté, habité, perclus d’objets à un âge où la sensorialité a une forte régulation avec l’environnement pour orienter le développement. Alors que dans un certain nombre de troubles moteurs et cognitifs chez l’enfant cette connectique va aider ……

Enseignements et formations
Formations à l’Ecole nationale de la PJJ à Vaucresson puis Centre National de Formation à Roubaix, à l’Ecole nationale de la Magistrature Bordeaux et Paris.
Chargé d’enseignement à Paris 5 depuis 1998, psychologie de l’enfant et de l’adolescent.
Depuis 2000 membre adhérent de la Société psychanalytique de Paris : animation d’un séminaire (ouvert aux professionnels extérieurs à la SPP) processus anthropologiques et processus adolescents.
Contribue à la mise en place du DIU Adolescents difficiles à Paris 6 avec la PJJ, sous la direction du Professeur Philippe Jeammet.
Séminaires de la MDA du Val de Marne de 2007 à 2017.
Depuis 2008 jusque 2015, animation et coordination du DIU « Adolescents d’aujourd’hui : savoirs, pratiques, partenariats » (d’abord intitulé Adolescents savoirs et pratiques interprofessionnelles).
Interventions régulières dans les régions auprès des institutions éducatives et de santé mentale sur les thématiques adolescents et jeunes adultes.
Séminaires de la MDA des Hauts de Seine.

Séminaires internationaux
2015 : Création avec l’Université Paris Est Créteil (Professeur J. M. Baleyte, chaire de pédopsychiatrie), l’Université d’Etat Shirak en Arménie et la Fondation Arevamanuk du séminaire international sur les psychotraumatismes.
2018 : Création du séminaire international sur le Développement de l’enfant et de l’adolescent avec l’Université Paris Descartes, l’Association internationale d’Ethnopsychiatrie (Professeurs M. R. Moro, B. Golse), Institut de psychosomatique (Dr. D. Donabedian) et le Ministère de la santé d’Arménie, l’association arménienne de psychanalyse.

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