Alors que « la réforme [néolibérale] du travail » va être impulsée par le nouveau gouvernement français, des agitations et cogitations de toutes sortes font l’objet de multiples communications. Des chercheurs et praticiens, des philosophes, sociologues, historiens, économistes… traitent de cet enjeu sociétal, de cette composante de la société dans laquelle nous voulons – ou pas – vivre. Des politiques, syndicats ouvriers et patronaux, salariés du privé et du public, chômeurs se posent la question du devenir du travail et, partant, du leur. Parlent-ils tous de la même chose quand ils parlent du travail ?
Entre travail, emploi et salariat, les démarcations conceptuelles sont le plus souvent poreuses. Dans le langage courant, le travail est synonyme d’emploi rémunéré, d’activité professionnelle effectuée contre un salaire. C’est sans doute pour cette acception du travail, soit un emploi pour tous, que des collectifs syndicaux se sont battus et se battent encore. Or, moult bénévoles qui donnent de leur temps et de leur personne, la femme au foyer qui s’active, la parturiente qui fait des efforts, effectuent des tâches qui relèvent d’un travail qui leur rapporte d’autres choses qu’un salaire en monnaie sonnante et trébuchante. Cependant, une certaine imagerie et les politiques économiques dominantes n’y voient pas des éléments actifs de production.
Il est pertinent aujourd’hui de poser la catégorie travail non comme une évidence mais comme une question.
Bernard Friot, sociologue et économiste, alimente le débat par ses travaux sur « le salaire à vie et le salaire socialisé », sur les modes de production et la protection sociale et il suscite quelques questionnements. Toute activité est-elle du travail ? Peut-on gérer les affaires économiques de la nation comme les affaires familiales, soit comme un bon père de famille ? Les institutions du salariat peuvent-elles proposer une alternative à la propriété lucrative liée aux moyens de production ? Comment penser le rapport entre « valeur d’usage » (produire selon les besoins) et « valeur économique » (produire pour la plus-value du capital) ?
Autant de questions que Bernard Friot abordera dans son exposé « l’institution du travail entre salaire à vie et ubérisation » et qu’il discutera avec Saül Karsz, philosophe et sociologue, et l’ensemble des participants. Rendez-vous donc le samedi matin 7 octobre de 9h30 à 12h30 à la Cité Saint-Martin à Paris (75004 – métro Bastille). L’Association Pratiques Sociales aura plaisir à vous y accueillir ainsi qu’à l’Assemblée Générale dans l’après-midi. Entrée libre. Renseignements au 06.45.90.67.61
Claudine Hourcadet – Juillet 2017