• Auteur/autrice de la publication :
  • Post category:Articles
  • Commentaires de la publication :0 commentaire
You are currently viewing Fin d’accompagnement : embarras ou opportunité ?

Mettre fin à l’accompagnement d’un usager peut poser question, voire poser problème. Plusieurs logiques y œuvrent qui n’ont pas toujours les mêmes déterminants et ne vont pas forcément dans le même sens.

La logique institutionnelle, d’une part. Le projet d’établissement ou de service énonce des critères d’accompagnement – durée et caractéristiques de la prise en charge, professionnels mis à disposition, nature des actions à entreprendre. Cette logique prend appui sur les orientations des politiques sociales et sur des contraintes, notamment budgétaires (nombre d’usagers à accueillir, prix de journée…). Les dirigeants sont ainsi à la recherche d’un équilibre leur permettant de mettre en adéquation les ressources en place et les demandes et injonctions qui leurs sont adressées. Ils peuvent en conséquence interrompre ou prolonger un accompagnement, à l’intérieur de limites juridiques et fonctionnelles.

L’équipe pluridisciplinaire, de son côté, a sa logique propre. Les intervenants ne peuvent pas manquer de projets pour les publics qu’ils reçoivent, en fonction même des diagnostics émis à propos des publics, de ce qu’ils pensent être leurs métiers, de leurs (in)compétences et (in)expériences disciplinaires mais également de leurs ignorances, paniques, fantasmes, modèles de référence. Certains d’entre eux peuvent ainsi ne pas vouloir lâcher les usagers avec lesquels ils travaillent ou, au contraire, trouver des raisons pour mettre fin à l’accompagnement. Des contraintes objectives, comme le temps dont ils disposent et les différentes tâches à accomplir, viennent aussi cadrer leurs postures personnelles et professionnelles.

L’usager et/ou sa famille ne sont pas en reste. Ils tiennent à rester dans l’institution ou bien ne pensent qu’à la quitter selon ce qu’ils y trouvent et qui peut soit faciliter leur vie, soit la compliquer, en fonction aussi des liens de sympathie ou d’antipathie qu’ils tissent avec la structure dans son ensemble ou un professionnel en particulier. Sans compter que des tensions, soit des logiques plus ou moins antagonistes, peuvent survenir au sein d’une même famille, susceptibles de mettre à mal les protagonistes.

Ces logiques pas toujours convergentes peuvent plonger les équipes dans le questionnement, l’expectative ou l’embarras. C’est alors que l’analyse des pratiques, soit l’exploration méthodique de ce qui fait enjeu et ce qui est en jeu dans l’accompagnement, peut s’avérer précieuse pour les professionnels. Une clinique mettant en perspective les situations travaillées permet d’interroger, si ce n’est dépasser, quelques cloisonnements disciplinaires et hiérarchiques, offrant ainsi des voies de dégagement pour améliorer les pratiques.

Claudine Hourcadet – décembre 2015

Laisser un commentaire

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.