Beaucoup de monde s’intéresse aux démêlées du personnage appelé DSK avec sa libido, avec le système judiciaire nord-américain, avec les présidentiables français, avec son épouse, avec les femmes, avec l’argent, avec le FMI, avec le pouvoir, avec l’establishment capitalistique mondial…, et avec le reste. C’est justement par rapport au reste qu’on voudrait risquer ici quelques ponctuations partielles.
Certains disent « ne pas y croire du tout » : mais, à quoi, exactement ? D’autres ne s’étonnent vraiment pas que « cela finisse par arriver » : mais, qu’est-il précisément arrivé ? Des gens, politisés ou pas, de droite et de gauche, des femmes et des hommes, des individus et des groupes, ont des choses à dire, ou du moins à commenter, et des questions qu’ils aimeraient bien poser. Encore faut-il savoir à qui les poser… Même le comique et le ridicule sont de la partie. Cancans, élucubrations journalistiques, analyses sérieuses ou prétendant l’être, et aussi modalités d’implication plus intimes, plus personnelles. Parler de DSK, c’est aussi parler de celui qui en parle. Quelque chose dans cette affaire ébranle et-ou conforte, quoi qu’il en soit interpelle des individus, des groupes, des systèmes entiers. Quelque chose fait mouche.
Affaire surdéterminée, en fait. Ce n’est pas une histoire de mœurs, tout en l’étant grandement, ni de sexisme et de racisme, registres également présents ; ni uniquement politique, ni exclusivement conjugale, ni purement économique, ni seulement judiciaire… Dimensions spécifiques, elles n’existent cependant pas, ne fonctionnent pas chacune de son côté. Elles ne cessent de s’entrecroiser, de se recouper, de se cacher et à la fois de s’exhiber les unes sous et par les autres. Leurs entrecroisements constituent la substantifique moelle de cette affaire qui ne se réduit à aucune de ces dimensions particulières, tout en les incluant toutes.
Non-étanchéité de ces dimensions multiples, impossibilité de les isoler, voire de les imperméabiliser à jamais. Ceci n’est sans doute pas exclusif de l’affaire DSK. Mais celle-ci l’expose à ciel ouvert, explicitement, manifestement. Elle illustre ce fait que ni l’idéologie ni l’inconscient ne sont enfermés dans des compartiments verrouillés : ils sont, tous deux, transversaux. Partout et toujours à l’œuvre. C’est justement pour cela que les maîtres du monde peuvent, eux aussi, être foncièrement dépassés, pour des raisons à la fois subjectives et objectives, jusqu’à sombrer dans d’insondables abîmes.
Entre-temps, de fins et chers limiers cherchent à découvrir en quoi la femme de ménage africaine aurait « quelque part » recherché (mérité ?) son sort new-yorkais. C’est vrai que le FMI excelle à coincer les Africains, comme d’autres peuples au demeurant. Du coup, la scène de l’hôtel Sofitel singularise un drame bien plus général, pour tout dire historique…
Saül Karsz – Juin 2011
Mon Dieu que vous êtes abstraits ! Cela sent le divan cet éditorial ! Et après avoir consciencieusement tourné autour du « pot’, si j’ose dire, vous retombez sur vos pieds : le banal ! Les pieds de tout le monde, en quelque sorte !
Super texte. Il est très complémentaire au mien.