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Abaisser le coût du travail. Le coût élevé du travail serait une des causes de la crise économique actuelle, – une de ses causes et donc un des moyens de venir à bout de cette crise. Abaisser le coût du travail (salaire et garanties annexes) est un souci constant du capitalisme, son ombre portée, voire son obsession : comment payer moins pour produire tant et plus ? Véritable quadrature du cercle car payer moins réduit le pouvoir d’achat, réduction qui se répercute sur les ventes et réduit in fine les gains susceptibles d’être réalisés par l’augmentation de la production. Sans oublier la détérioration croissante du climat social, la paupérisation et la précarisation de larges secteurs sociaux. Sans faire la sourde oreille aux  luttes syndicales et politiques qui militent pour des conditions de vie supportables pour les salariés qu’ils représentent, conditions durement conquises et jamais définitivement  assurées. Sous peine des révoltes qui grondent ici et là…

Tel est l’enjeu : abaisser le prix des travailleurs sur le marché du travail, sans guère toucher, sauf à la marge, aux bénéfices de ceux pour qui la dite crise constitue plutôt une aubaine, – tout en évitant de produire de l’anomie, cette perte généralisée de confiance dans des valeurs et des normes pourtant indispensables au fonctionnement des sociétés contemporaines.

L’Etat-providence, qui consacre le rôle majeur du travail social et médico-social, est le nom d’un compromis historique entre ces intérêts antagoniques, aujourd’hui en franche décomposition…

La goutte d’eau qui met les pendules à l’heure (selon Daniel Mermet, Là-bas si j’y suis, France-Inter, mercredi 3 avril 2013). Les medias n’en finissent pas de faire leurs choux gras de l’affaire Cahuzac. La situation est grave, en effet. L’indigne ex-ministre du budget porte le discrédit sur la gent politique et provoque une onde de choc, son comportement passant pour une ignominie, une bombe à fragmentation, la cause d’une crise de confianceen même temps qu’une crise politique.

Autant de superlatifs métaphoriques qui révèlent le ridicule de la situation – à savoir les agissements du promoteur étatique de la lutte contre la fraude fiscale qui planque son argent sur un compte en Suisse – et, surtout, la sidération qui frappe le plus grand nombre devant les dits agissements.

Etonnant étonnement, en vérité ! Comme s’il n’était pas possible de penser qu’un homme politique peut, lui aussi, mentir. Comme s’il était inconcevable que ceux qui nous gouvernent puissent vouloir jouir de leurs privilèges dans une société structurellement fondée sur la concurrence et les lois du marché, soit la primauté du plus fort. Il y a là la croyance infantile en un monde politique exempt de tout penchant arriviste et manquant d’appétit pour une fortune vite et bien gagnée. Croyance à interroger !  Nullement parce que « tous pourris », ce qui est faux, mais parce que jeter l’anathème et s’indigner ne suffisent nullement. Le moment est difficile parce que quelques pendules, soit quelques naïvetés, sont actuellement questionnées. Ce n’est finalement pas plus mal…

Il n’y a pas d’affaire Cahuzac qui commence et se termine avec ce personnage. Il s’agit d’une affaire systémique, c’est le système tout entier qui se trouve de plus en plus questionné. Ce n’est pas une crise seulement économique que nous vivons, mais aussi une crise culturelle, morale, idéologique, intime…  Laquelle  compte des victimes, qui sont aussi les payeurs désignés, et aussi de fabuleux bénéficiaires et d’implacables créanciers…

C’est cela qu’il faut se coltiner, sans céder ni à la désespérance ni non plus à l’angélisme. Rude tâche pour ceux qui, dans différents espaces professionnels et personnels, ne veulent pas baisser les bras. Tâche rude, tâche incontournable.

Saül Karsz – Avril 2013

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