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You are currently viewing N’est pas anti-système qui veut !

Il y a tout d’abord le dictionnaire qui n’accepte pas de séparer ce vocable en deux éléments : il faut donc écrire antisystème, tout collé. Bel et bien collé, en effet. L’anti fait partie du système tandis que le système accueille l’anti sans états d’âme. Ils ne s’opposent pas forcément ou, pour mieux dire, leur opposition n’est ni frontale ni radicale mais juste ponctuelle, formelle, des rétropédalages divers et variés restent toujours possibles. C’est là une première acception du vocable, prisée par les populismes de droite et d’extrême droite. Elle s’alimente de la perception d’après laquelle il y a des choses à modifier dans l’ordre social actuel. Pas seulement en France mais aussi en Europe, des institutions et des pratiques doivent être changées. Mais, ajoutent ces courants, ce n’est pas le système qu’il faut modifier mais « ses excès » (notamment financiers). On parle alors d’ultra-libéralisme comme si celui-ci était une déviation maladive de l’ordre existant et non pas une accentuation de ses tendances intrinsèques. Quant à savoir pourquoi il en est ainsi, l’explication est toute trouvée : ceux qui détiennent actuellement les rênes du pouvoir n’en sont ni dignes ni compétents – pas autant que les anti ! Il faut donc modifier, non pas le système mais juste la place des anti en son sein.

Mais cet anti-système inclut également une seconde acception. Même si le dictionnaire le rejette, on écrira ce vocable en deux parties pour indiquer que le collage des deux termes n’est pas l’unique manière d’aborder le phénomène. Le point de départ est pour partie semblable à celui de l’option précédente : l’ordre socio-politique en vigueur est de moins en moins évident, naturel, nécessaire. Le libéralisme est bel et bien installé, à la fois avec ses formidables avancées pour des couches et des classes sociales progressivement réduites et avec ses dégradations et dégâts multiples auprès de classes et groupes sociaux chaque jour plus étendus. Des mutations du système, et non seulement des personnages qui en assument la charge, sont aujourd’hui devenues indispensables. L’éventail des gauches s’y inscrit. Des postures électorales affirment vouloir accompagner la nécessité objective de changement social en même temps que le plaisir individuel et collectif de se sentir bel et bien vivant. Il n’est pas concevable que la « déprime française se perpétue encore et encore », s’exclamait récemment un candidat dit d’extrême-gauche (euphémisme français pour gauche tout court).

Tel est, semble-t-il, un enjeu majeur de la prochaine votation en France et de ses effets en Europe et ailleurs. Il faudra voter pour la perpétuation du système actuel ou bien pour sa transformation en vue d’un avenir possiblement meilleur, plus accueillant et solidaire, pour le plus grand nombre. Pareil énoncé peut paraître schématique, sinon caricatural – la décision qu’il implique ne l’est pas du tout.

Saül Karsz – Avril 2017

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