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Printemps frémissant qui essaye de s’installer, perce entre les nuages du vieux monde hivernal, est intempestivement entrecoupé de Edito LPDC 71grêles automnales, repart encore ; il finira bien par l’emporter, en partie du moins, sur la monotonie ambiante. Nous parlons ici de l’air du temps, en effet – de ce qui se dessine. Des envies, des initiatives, des projets éclosent ici et là. Des éclaircies s’annoncent. Respirer est à nouveau envisageable pour nombre d’individus et de groupes.

Panama papers, les procès des lanceurs d’alerte et enfin Nuit debout fleurissent simultanément. Le premier pour illustrer la fraude en tant que condition de fonctionnement de nos sociétés [voir notre édito Fraude dans LPDC n° 70] ; le deuxième pour confirmer que le droit des affaires relève du secret d’Etat, son dévoilement valant embastillage ; le troisième pour signifier que l’ordre du monde peut ne pas se reproduire à l’identique. Aussi antithétiques que complémentaires, voilà des porte-voix de puissantes tendances actuelles. Même si la mise sur la place publique du premier ne va certainement pas arrêter son développement, les lanceurs d’alerte continueront d’être accusés de prendre la démocratie à la lettre, tandis que les suites que connaitra le troisième témoigneront, après-coup, de sa portée effective, c’est-à-dire politique.

La bataille est rude et l’issue incertaine, de nouveaux épisodes viendront s’y ajouter dans un sens ou dans un autre. L’optimisme béat n’est vraiment pas de saison mais plutôt un certain réalisme, une lucidité certaine. Ne pas s’en laisser conter. Une chose est sûre : pour que morosité, ressentiment, fatalité et apparentés cessent de remplir la totalité de l’horizon, il faut (re)mettre le politique, la politique, les enjeux de société au poste de commande Il s’agit de sortir de nos coquilles respectives, c’est-à-dire de contribuer le moins possible à la reproduction du mythe individualiste cher au capitalisme néolibéral. Le temps, entendez la conjoncture, les rapports de forces, les désirs de maints individus, les desseins de nombreux groupes, le temps donc exige de nous de réfléchir aussi rigoureusement que possible et d’agir en conséquence – en donnant une place conséquente à la critique et à l’autocritique. Or, la réflexion ne dépasse guère le stade des bonnes intentions et l’action relève du passage à l’acte si la politique n’y est pas visible, opératoire, directrice. Pas question « d’espérer » comme on le dit bêtement : ce n’est pas d’espérance que nous avons besoin mais d’orientations, de lignes de force, de capacités d’invention et de solidarité – délibérément, explicitement engagées. On ne peut aller bien tout seul !

Rien n’est définitivement gagné, ni entièrement perdu. Impossible que les choses changent sans chacun de nous, puisque nous sommes co-responsables du monde tel qu’il va – dans nos coins et en nous associant avec d’autres, dans différents domaines, pour des causes spécifiques. Enjeux énormes, défis démesurés, combat indispensable : nous les méritons bien !

Saül Karsz – Mai 2016

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